Critique des Chroniques de l’Après-Monde – Geoffrey Claustriaux
(Sur www.lavisqteam.fr)
Auteur : Geoffrey Claustriaux
Editeur : Terre de Brume
Genre : Fantastique
Résumé :
Depuis que sa famille et ses amis ont été décimés par un
virus mortel, la jeune Casca mène une existence solitaire dans la station
souterraine qui l’a vue naître. Son quotidien est rythmé par les réparations
des machines qui la maintiennent en vie. Mais une fillette ne peut entretenir
seule un immense abri prévu pour accueillir des centaines d’habitants. Les unes
après les autres, les machines finissent par tomber en panne. Le jour où le
système de survie lâche à son tour, Casca n’a plus le choix : elle doit
abandonner la station…
Le problème, c’est qu’en surface le monde n’est plus qu’un
désert aride depuis que les pluies de bombes nucléaires ont rasé les villes et
irradié les sols. Du moins, c’est ce qu’on a toujours raconté à Casca qui va
découvrir, à son grand étonnement, que l’Homme est capable de s’adapter,
d’évoluer… mais surtout de régresser.
Avis :
En ces périodes troubles où l’espoir est considéré comme
l’opium du peuple, les récits post-apocalyptiques foisonnent. Cataclysmes
naturels, catastrophes nucléaires, invasion de morts-vivants pour ne citer que
quelques-uns, la fin du monde recèle autant de scénarios qu’il existe
d’imaginaires pour les concevoir. Un auteur est avant tout un témoin de son
époque. À travers son point de vue, il constate et entrevoit les perspectives
d’un futur pour le moins hypothétique. Fascination morbide ou preuve de
l’extrême complexité de l’homme, ce type d’ouvrages n’a jamais si bien
fonctionné. Aussi, il est risqué de s’y essayer sans posséder une vision
singulière du genre.
Nombre d’histoires penchent vers le sensationnalisme pour
saisir l’instant précis où tout a basculé pour contempler la déliquescence de
notre espèce et proposer un récit dynamique, mais parfois simpliste et
linéaire. Telle une relique perdue, l’on découvre le journal de Casca, une
descendante lointaine des survivants. Tant le confinement dans un abri
souterrain que la crainte de la surface évoquent l’incroyable Metro 2033 de
Dmitri Glukhovsky. Le quotidien des habitants se ponctue de monotonie et de résilience.
Une entame tout en finesse prompte à susciter l’intérêt sur les raisons de
l’apocalypse, mais aussi sur les conséquences à long terme puisque l’on se
situe au VIIe siècle AA (Après-Apocalypse).
De là découle un voyage ou plutôt une exploration de ce
monde qui ne conserve plus que les vestiges de notre époque. Progressivement,
l’on s’éloigne quelque peu du post-apocalyptique pour parvenir à la lisière du
fantastique lovecraftien. Les références à l’illustre auteur de Providence
pleuvent tant dans les villes traversées (description de l’architecture), le
vocabulaire employé ou l’apparence des créatures qui hantent les lieux. L’on
sent une réelle érudition dans le domaine sans pour autant faire un bête
copier-coller. Véritables clins d’œil, il n’en demeure pas moins un univers
riche, cohérent et original, même si l’on a tendance à vouloir le situer
géographiquement sans trop savoir s’il se trouve outre-Atlantique ou en Europe.
N’en oublions pas pour autant le rythme de l’histoire et
l’intérêt sur le long terme. Malgré l’approche d’un journal intime peu enclin à
dynamiser un récit, les péripéties se succèdent grâce à la visite de plusieurs
lieux et d’enjeux qui montent crescendo. La survie s’effectue sur différents
niveaux, notamment entre l’appréhension de l’environnement, mais des
autochtones peu amènes quand il s’agit d’accueillir les étrangers. Il en
ressort des chapitres extrêmement denses en termes de contenus et néanmoins
immersifs. On regrettera seulement la rareté des dialogues même si le format pardonne
cet écueil.
Le traitement des personnages fait, quant à lui, la part
belle à Casca étant donné sa place de narratrice. L’évolution se révèle
également nuancée. D’une apparente fragilité, son caractère s’avère bien plus
subtil qu’escompté. Au vu de la nature nomade de cette dernière, ses rencontres
relèguent la plupart des autres intervenants à des rôles secondaires.
Toutefois, le soin apporté à chacun et leurs disparités en font un panel
d’individus contrastés et crédibles. En somme, le cœur de toute bonne histoire
fait que l’on s’attache assez facilement à l’héroïne.
Au final, Chroniques de l’après-monde se révèle un récit
post-apocalyptique étonnant tant il respecte les codes du genre et s’en écarte
pour proposer une odyssée imaginaire dans des environnements hostiles plus que
recommandables. Tant au niveau des protagonistes que de l’intrigue, la
progression mesurée dévoile sa richesse au fil de découvertes extravagantes,
parfois macabres. Le format du journal intime offre une approche plus personnelle
du sujet et permet de se sentir davantage impliquer par les événements. Il en
ressort une vision de l’avenir singulière et immersive, et ce, malgré le choix
d’un thème éculé.
Note : 16/20
Par Dante
Article original sur le site de la Lavisqteam
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