jeudi 3 juillet 2014

La passion d’écrire
(Edito commandé par Fedra.be)



Une question revient souvent quand je discute avec d’autres personnes de ma passion pour l’écriture : « Où trouves-tu le temps d’écrire ? ». Il est vrai qu’entre le travail, la vie de famille, les tâches ménagères et les activités de loisirs, ce n’est pas toujours évident. Cependant, ma réponse est simple et toujours identique : je profite du moindre instant creux de ma journée pour coucher quelques phrases sur le papier. Dans le train, sur le temps de midi, et parfois même dans la voiture (à un feu rouge par exemple), tout est bon pour faire avancer l’histoire, ne fut-ce que d’une dizaine de mots. Ce qui est pris n’est plus à prendre.

Bien entendu, ceci ne serait pas possible sans l’essence qui permet au moteur créatif de fonctionner, c’est-à-dire la passion. La passion est tout. Elle permet de garder l’esprit alerte et prêt à s’exprimer en permanence. Les personnes passionnées par une activité le savent très bien, on ne pense qu’à ça toute la journée. Pour un écrivain, c’est pareil. Une idée peut surgir à n’importe quel moment, il faut donc être prêt à la saisir au vol. C’est pourquoi les auteurs, en général, ne se séparent jamais de leur carnet de notes (ou de leur Smartphone puisqu’il faut vivre avec son temps).

La passion permet en outre de surmonter les nombreuses difficultés qui jalonnent la réalisation d’un roman. Fatigue, découragement, page blanche, j’en passe et des meilleures. Les raisons ne manquent pas pour abandonner. Mais quand on met enfin le point final à son histoire, le sentiment d’accomplissement que l’on ressent est indescriptible. Alors quand, en plus, on a la chance de voir son livre publié, lu et apprécié, on se rend compte que tous les efforts consentis en valaient finalement la peine. Le bébé est né et bien portant, même si l’accouchement s’est passé dans la douleur.

La comparaison entre l’écriture d’un livre et la naissance d’un enfant peut paraître saugrenue, mais je vous assure qu’elle ne l’est pas tant que ça. Un livre est fantasmé bien avant son apparition ; une fois en route, il est de plus en plus désiré à mesure que les mois défilent ; et surtout, un livre vit sa propre vie, et ce dès que l’écrivain en rédige les premières lignes. Ça peut paraître étrange, mais un roman n’est jamais tel qu’on l’avait imaginé au départ. L’histoire dirige l’auteur (et non pas l’inverse) et les personnages prennent souvent des directions inattendues, en se fichant royalement de ce que leur créateur avait prévu pour eux. Comme un enfant en quelque sorte.

Ceci explique pourquoi le plus dur pour un écrivain, c’est la sortie de son roman. Faire éditer son livre revient à l’exposer à la critique et personne n’aime que l’on dise du mal de son enfant. Cependant, la critique fait partie du jeu et il faut savoir l’accepter. Tous les artistes vous le diront (musiciens, peintres, acteurs, etc.) : on ne peut pas plaire à tout le monde.

Aussi, lorsque des critiques assassines s’abattent sur le fruit de nos efforts, il faut savoir en retirer le positif et se remettre au travail avec passion.

Passion, le mot est une nouvelle fois lâché. Sans elle, la plupart des artistes baisseraient les bras face aux difficultés, mais elle a la faculté étonnante d’aider à rendre l’impossible possible.

Prenez Ed Wood Jr. par exemple. Ce nom ne vous dira sans doute rien si vous n’êtes pas cinéphile, mais ce monsieur a tout de même reçu l’insigne honneur d’être nommé plus mauvais réalisateur de tous les temps (jetez un coup d’œil à son « chef d’œuvre » Plan 9 From Outer Space si le cœur vous en dit). Ed Wood Jr. manquait de tout, de budget, de temps, de talent, et chacun de ses films se faisait descendre en flammes par les critiques. Pourtant, il n’a jamais cessé de tourner, accumulant les dettes et les échecs, mais tentant vaille que vaille d’assouvir sa passion pour le cinéma.

Car peu importe l’adversité, quelqu’un de passionné trouvera toujours un moyen de s’exprimer.

Article original sur Fedra.be

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