lundi 17 décembre 2018

Kidnapping (Geoffrey Claustriaux), de cauchemar à réalité

Kidnapping (Geoffrey Claustriaux), de cauchemar à réalité
(Article original à lire sur le blog Evasion Imaginaire)

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Informations :

  • Édition : Livr’S Éditions 
  • Parution : Novembre 2018
  • Nombre de pages : 104 pages
  • Prix d’achat : 10,00€
  • ISBN : 978-2-37910-002-4

Résumé :

La campagne profonde de la vieille Allemagne recèle parfois de lugubres secrets. La découverte d’un groupe d’adolescents en voyage scolaire aurait de quoi étonner l’historien le plus averti. Ce village d’un autre temps est assurément le vestige d’un passé révolu… du moins, en théorie.
Autrice en devenir, la jeune Catherine ne sait quoi en penser, pas plus que son camarade Stéphane, à qui elle voue un amour sans borne.
Tous deux vont devenir les témoins de ce que les tréfonds les plus obscurs de l’âme humaine sont capables d’engendrer, au risque d’y sombrer. À jamais…
« Stéphane repensa à la phrase préférée de son père devant un poulet frit : « La peau, c’est le meilleur ». »
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Mes impressions, les joliiies coloniiies de vacaaaceuuhh ❤

Si vous ne connaissez pas la chanson « Les jolies colonies de vacances » de Pierre Perret, je vous invite à l’écouter avant de lire ce livre, cela vous donnera une fausse impression de confiance et de bien être et votre chute n’en sera que plus belle. Bref, bienvenue dans le dernier bébé pondu par l’ami Geoffrey Claustriaux. Amen ❤
Le contexte personnel est édité en fin de livre mais je vous l’explique rapidement ici. Geoffrey a fait un cauchemar et comme il s’en souvenait, il l’a retranscrit directement sur papier tant il était frappé par ce rêve. Aujourd’hui, après quelques retouches pour en faire une histoire, il publie ce cauchemar qui vous promettra quelques sueurs froides.
Le contexte du livre est relativement simple : un autocar de jeunes étudiants d’une école de Waterloo se rend en Allemagne pour une sortie scolaire. En route, ils arrivent près d’un village bordé d’immenses arbres. Ils sont arrêtés par des soldats vêtus comme du temps de la Seconde Guerre Mondiale. Des Nazis ! C’est alors que l’horreur peut démarrer.
On ouvre le bal et on le referme sur des rapports de police qui amènent un aspect tout particulier à l’ensemble. Le récit est ponctué ci et là de morceaux du journal intime de l’une des protagonistes (Catherine). Ces fameux passages sont écrits à la main par la compagne de l’auteur qui n’hésite pas à y griffonner des ratures et autres maladresses propres à une jeune fille de 16 ans. Ces éléments apportent une réelle touche d’authenticité au récit. 5 chapitres qui commencent Piano, pour aller de plus en plus Crescendo aussi bien dans l’intensité des émotions que des horreurs qui y sont retranscrites. Une foutue histoire à la croisée entre Green Inferno et les films sur les camps de concentrations des S.S., mais avec les scènes qui ne sont plus censurées en fait.
Bon, plus bas vous retrouverez le lien vers la chronique de la très chère Manon E. d’Ombremont qui a également critiqué ce livre, et elle a eu du mal à s’en remettre, surtout son estomac. Pourtant, elle-même n’est pas en retard lorsqu’il s’agit de décrire du sombre, du sanglant. Personnellement, ce ne sont pas les scènes un peu gores qui m’ont choquées (quand on sait regarder des films comme Green Inferno, Butcher et autre Evil Dead 2013, lire des scènes de torture ou autre joyeuseté ne me pose pas vraiment de soucis), mais j’ai été assez troublé par la cruauté humaine, le fait de traiter des ados pire que des animaux, les rendre sauvages pour éliminer les faibles et faire régner la loi de « seuls les plus forts survivent ». Puis ce concept que cela ait réellement pu exister, que l’homme est vraiment capable d’une telle barbarie. C’est peut-être là que réside le côté horrifique, au-delà des scènes plus trashs. De plus, je vis une situation (genre dans la vie réelle) qui m’a fait un peu flipper car je me retrouve, pour le travail, à loger seul quelques jours, chaque semaine, dans un village un peu à l’écart de tout. Le rapprochement s’est fait naturellement et j’ai plutôt mal dormi la nuit où j’ai terminé le livre, huhu ! ^^
La fin du livre apporte son côté Fantastique, avec trois pages de rapports d’expérimentations nazies qui apportent la conclusion de toute cette histoire. Même si je n’ai compris tout de suite, elle m’a parue très intéressante car on ne s’y attend pas du tout. J’avais imaginé totalement autre chose.
Niveau personnage, comprenez qu’en 100 pages on ne peut aller très loin dans le psychologique des uns et des autres. On regrette peut-être justement qu’il n’y ait pas quelque 20 ou 30 pages de plus pour mettre un peu plus en avant certains protagonistes, ou développer leur mentalité face à ce qu’ils subissent au quotidien. Ou pire, développer encore plus de scènes où l’hémoglobine coule à flot 😀(Ahem…).
Bref, âmes sensibles, passez peut-être votre chemin. Les autres, aurez-vous les tripes suffisamment accrochées pour ce voyage ? 😉
« Je vois déjà ça d’ici : KIDNAPPING. L’épopée d’une poignée d’adolescents enlevés par un soldat du passé. Basé sur une histoire vraie. Ouais, ça va être super ! »
Image associée

Ce que j’ai aimé

  • On ne peut que remercier Livr’S Éditions pour l’audace de la publication de ce type de récit qui s’associe généralement à un coup de poker. On est très loin du livre passe-partout qui plaira à la grande majorité des lecteurs. Ce type de récit ne laisse personne indifférent de par les sujets abordés et vous aurez d’office un avis bien tranché (huhu !) sur la chose. Vous aimerez ou vous détesterez. Perso j’ai adoré ^^
  • Le livre objet traité différemment de ce que l’on peut connaître, avec les rapports de police et les morceaux de journal intime manuscrits, donnant au tout ce côté très authentique et nous rapprochant encore plus de l’horreur qui y est décrite.
  • L’écriture de l’auteur (que j’avais déjà mis en avant dans ma chronique des Royaumes Éphémères) qui met en valeur le texte et qui joue avec l’intensité des moments, ponctuée ça et là d’un petit trait d’humour bienvenu dans ce contexte sordide.
  • Je parlais de l’audace de la maison d’éditions mais qu’en est-il de l’audace de l’auteur qui ose mettre cela sur papier au risque d’être pris pour un grand malade décérébré ? Il faut souligner ce pari, réussi, de retranscrire un cauchemar en une histoire viable pour la publication et oser mettre à nu le premier texte jamais écrit (car oui, il s’agit ici du 1er texte de l’auteur écrit lors de son adolescence).
  • Une fin originale, loin d’un dénouement épique ou d’un retournement de situation qui a germé dans mon esprit. On peut y adhérer, ou pas, mais j’ai trouvé ça plutôt pas mal.
  • Le texte en lui-même. Certes, certaines scènes vous choqueront (ou alors, vous êtes dur au mal et êtes habitué aux films d’horreurs gores), mais au-delà des scènes plus sanglantes, il y a cette véritable réflexion autour de la noirceur de l’âme humaine. Et puis cette question qui vous taraude à la fermeture du livre : « Et si cela existait vraiment ? ». Bref, si vous devez faire un périple en Allemagne, évitez de lire ce livre avant. Ah oui, et vive la Piñata ! 😀

Ce que j’aurai aimé, ce qui m’a dérangé

  • Comme je le soulignais, on regrette presque le manque de quelques pages en plus pour développer un peu plus les personnages, ou en ajouter, ou ajouter des scènes hardcores 😀 Mouahaha ! …Pardon… Pour exemple, on aurai aimé tout simplement une plus grande implication du colonel allemand, l’Oberst Walter Gerbach, trop en retrait de l’histoire à mon goût, alors qu’il dirige le village de l’horreur.
  • Bon, malheureusement, comme il y a des scènes très…sanglantes…beaucoup de lecteurs risquent d’avoir du mal. Je vous rassure (ou en tout cas j’essaie), il n’y en n’a pas tant que ça, honnêtement, et si cela vous choque, vous pouvez passer à la page suivante sans perdre le fil de l’histoire.
  • L’une ou l’autre maladresse de l’auteur dans des descriptions, mais sans gravité. Rien de bien méchant, c’est juste moi qui suis un peu tatillon pour le coup. Pour exemple, j’ai l’impression que Catherine, ado de 16 ans, a parfois des réactions de gamine de 11 ou 12 ans. Stéphane, quant à lui, a 17 ans et se comporte comme un héros de récit Young Adult de 19-20 ans. Ou encore le 1er prof tué d’une balle dans… ahem… et le manque de réactivité des ados, pas de cris ou quoi.  Mais ça, c’est ma perception personnelle que d’autres ne partageront sûrement pas.
  • Des ados de Waterloo qui ne parlent pas Flamands ??? :-O c’est hautement improbable si vous voulez mon avis, mouahaha !
  • Ah, la couverture. J’aurai tant voulu la mettre dans « ce que j’ai aimé » car au niveau graphique et qualité d’image on est dans du haut de gamme, mais c’est la petite gamine qui me pose problème. L’histoire se passe principalement avec des ados. Sauf si l’auteur a voulu mettre en avant une petite fille allemande mais cela m’étonnerait.

Conclusion

Un cauchemar qui devient livre. Voilà l’étrange histoire de l’auteur ayant retranscrit sur papier ce ré sordide d’adolescents enlevés par des soldats S.S. en pleine forêt allemande. Oui il y a du sang, oui il y a des viscères, oui il y a… ahem… mais ce n’est pas de la violence gratuite écrite par l’auteur juste pour enrober une histoire sans fondement. Que néni mes amis, le background est bien ficelé, les atrocités que subissent les jeunes gens ont toutes une explication et les parallèles avec l’un ou l’autre film d’horreur n’est pas à exclure. Les fans du genre adoreront, les autres auront peut-être plus de mal mais je les invite néanmoins à tenter l’expérience, ne serait-ce que pour l’intrigue. Au-delà des scènes sanglantes, la réflexion sur la noirceur de l’âme humaine est à mettre en avant et vous confortera dans ce sentiment de malaise qui vous tiendra en haleine tout du long. Les rapports de police et les passages manuscrits d’un journal intime apporteront leur lot d’authenticité au livre, vous rapprochant comme jamais au cœur des horreurs qui vous attendent. N’oublions pas la fin avec ce côté Fantastique bienvenue pour un final surprenant. Bien que j’ai adoré le récit dans son ensemble, quelques petits points noirs viennent légèrement baisser une note pourtant très bonne, je pense notamment à quelques maladresses d’écriture ou au manque de quelques pages supplémentaires pour développer les personnages ou d’autres scènes de l’histoire. Mais il paraît que lorsqu’on en veut plus, c’est que c’est du bon 😉 Livre à ne pas mettre entre toutes les mains et à éviter si vous pensiez partir prochainement en Allemagne profonde. Schuss 😉

Note

8,5/10