lundi 15 octobre 2012

Quand nos collègues se mettent à écrire


Deux fonctionnaires au lien particulier se livrent sans tricher à notre jeu – à priori innocent – de questions-réponses. Cette fois, c’est au tour de Claude Danze et Geoffrey Claustriaux de s’affronter. En dehors de leur travail, nos deux hommes se passionnent pour la langue. Au point d’avoir publié des romans.

Quelle est votre plus grande fierté ?
Geoffrey : Ma plus grande fierté est d’être parvenu à faire publier si jeune un de mes romans (j’en ai finalisés 3 jusqu’à présent). En effet, je m’étais donné jusqu’à 30 ans pour y arriver. C’est donc une grande joie pour moi d’avoir réussi si vite. À présent, j’espère que mes autres livres suivront le même chemin.
Claude : Ma famille (marié depuis 34 ans, cinq fils, trois belles-filles, une petite-fille…). Une vraie tribu.

Quelle loi aimeriez-vous faire promulguer/abroger ?
Geoffrey : Aimant profondément la nature, je pense que si j’en avais le pouvoir, je prendrais une série de mesures pour préserver notre environnement.
Claude : À promulguer : un véritable code des impôts sur les revenus de la fortune (néanmoins sans les excès de nos voisins français). À abroger : les sens uniques limités pour cyclistes dans les rues trop étroites.

Avec qui (vivant ou disparu) aimeriez-vous prendre l’ascenseur ? Que lui demanderiez-vous ?
Geoffrey : Howard Phillips Lovecraft, considéré comme l'un des écrivains d'horreur les plus influents du XXe siècle. Je lui demanderais comment il s’y prenait pour créer des atmosphères aussi incroyables, aussi crédibles, alors que ses histoires baignaient dans le fantastique le plus pur. En tant qu’écrivain, ses écrits sont pour moi des modèles, la référence ultime.
Claude : J’aimerais croiser Robert Doisneau (1912-1994), le grand photographe français. Et ma question : “Au-delà de votre technique irréprochable, comment faites-vous pour photographier des scènes anodines et en faire des photos exceptionnelles ?” En d’autres termes : “Comment avez-vous mis au point et cultivé le coup d’œil exceptionnel qui vous est propre ?”

Quel cliché sur les fonctionnaires est totalement illégitime ?
Geoffrey : Selon moi, le cliché qui veut que les fonctionnaires se tournent les pouces à longueur de journée est infondé. Peut-être a-t-il eu une part de vérité dans le temps, mais personnellement, depuis que je travaille au SPF, je n’ai pas constaté ce fait. La légende qui veut que les fonctionnaires boivent au bureau est également peu conforme à la réalité.
Claude : La paresse et l’incompétence qu’on leur attribue la plupart du temps, même si, de toute évidence, certains font honneur à cette réputation. Mais ce n’est pas propre au secteur public, plutôt aux grandes organisations très hiérarchisées.

Quels sont vos héros des temps modernes ?
Geoffrey : Je trouve que les opposants aux régimes politiques de leur pays comme Aung San Suu Kyi en Birmanie, Liu Xiaobo en Chine ou les Pussy Riot en Russie sont les héros des temps modernes. C’est facile pour les observateurs extérieurs de fustiger la politique en place dans ces pays, mais cela demande un sacré courage de le faire de l’intérieur.
Claude : Un héros, finalement, c’est très surfait. Je préfère de loin les gens simples, qui ont toujours un moment pour les autres, qui sont disponibles pour leur femme, leur mari, leurs enfants, bref… qui “assurent” au quotidien en privilégiant toujours l’essentiel : l’humanité de chacun. Voilà les vrais héros de notre temps.

Qu’est-ce que vos collègues ignorent de vous ?
Geoffrey : Je ne pense pas qu’ils s’imaginent qu’à la base, je suis quelqu’un de très timide. Avec le temps, j’ai réussi à maîtriser cette peur, mais quand j’étais petit c’était presque maladif.
Claude : Que je suis un faux calme, donc un vrai stressé.

Quel conseil donneriez-vous à vos collègues ?
Geoffrey : Carpe Diem ! Chaque jour, même les pires, doit apporter quelque chose de positif, une expérience nouvelle. Personnellement, c’est ma philosophie de vie.
Claude : Travailler sérieusement mais ne jamais se prendre au sérieux.

Quelle est la première chose que vous faites en arrivant au travail ?
Geoffrey : J’allume mon PC et je regarde les mails dans mon Outlook pour voir le travail qui m’attend. Ensuite, seulement, je vais prendre un café.
Claude : Saluer mes collègues et bavarder quelques minutes avec eux, de boulot ou d’autre chose.

Qu’avez-vous toujours sur vous ?
Geoffrey : Un stylo et une feuille pour corriger et/ou écrire de nouvelles idées.
Claude : Une montre. Je déteste être en retard (et aussi que les autres le soient).

Quel est votre endroit préféré en Belgique ?
Geoffrey : J’adore les Ardennes, ses forêts, ses villages. Je m’y rends d’ailleurs dès que j’en ai l’occasion pour m’y promener en compagnie de ma fiancée. Rien de tel pour se ressourcer qu’un week-end au calme en pleine nature.
Claude : Je suis né à Namur et j’ai habité à Middelkerke, à Nieuport, à Malines, à Bastogne, à Waremme, à Schaerbeek, à Ganshoren et, depuis 26 ans, à Jette, en région bruxelloise. J’ai toujours trouvé quelque chose qui me plaisait, là où j’habitais, mais mon endroit préféré, en Belgique, c’est… chez moi, à la maison.

Interview parue dans le Fedra