jeudi 17 juillet 2014

Critique de la Légende d'Hercule
(Critique sur Horreur.net)

Ah, l'Olympe, ses Dieux et leurs pouvoirs... On peut dire qu'ils en auront inspiré des oeuvres variées. De l'amusant Percy Jackson : Le Voleur de Foudre au navrant La Colère des Titans, en passant par une foule de nanars plus ou moins honteux, la mythologie grecque en aura pris pour son garde plus souvent qu'à son tour.

Ce n'est cependant rien en comparaison de ce qu'a dû subir l'un de ses héros les plus vénérés, à savoir ce pauvre Hercule, mi-homme mi-Dieu, qui est probablement celui qui aura eu le plus à souffrir des assauts répétés de producteurs en manque d'idées. Séries TV miteuses, dessins animés pour enfants, nanars en carton-pâte et (heureusement) quelques bons films aussi, le fils de Zeus aura, de tout temps, constitué une sorte de valeur refuge pour les studios.

En cette année 2014, c'est donc à deux nouvelles versions de ses aventures que nous allons avoir droit. Aussi, en attendant la sortie de l'Hercule de Brett Ratner avec l'ex-catcheur Dwayne Johnson dans le rôle-titre, intéressons-nous à son concurrent, La Légende d'Hercule du has-been Renny Harlin avec les toujours très subtils Kellan Lutz et Scott Adkins en têtes d'affiche.


Hercules en visite au Parc Astérix

Hercule est le fils de la reine Alcmène que lui a donné Zeus en cachette du roi Amphitryon pour renverser celui-ci une fois l'enfant devenu adulte. Amoureux d'Hébé, Hercule est trahi par le roi qui la destine à son autre fils, Iphiclès. Le demi-dieux est exilé et vendu comme esclave. Devenu gladiateur et renversant tous ses adversaires, Hercule, avec l'aide de Sotiris, son compagnon d'armes, va tenter de libérer le royaume de la tyrannie d’Amphitryon, arracher Hébé aux griffes de son frère, et prendre enfin sa vraie place, celle du plus grand héros que la Grèce ait jamais connu…


Des supers décors... en 3D

Le scène d'ouverture nous présente l'invasion d'une cité par le fourbe Amphitryon (Scott Adkins donc). Décors en CGI pas très beaux, costumes qui fleurent bon le toc... D'emblée, on sent que le film ne sera pas un chef d'oeuvre. Autant vous le dire maintenant : la suite ne fera que confirmer cette impression initiale. Toutefois, le film de Renny Harlin parviendra malgré tout à remonter un peu le niveau grâce à une histoire autre-prévisible mais toujours efficace et à des acteurs suffisamment crédibles dans les scènes de baston.

Car il y en a des scènes de bastons, et pas qu'un peu. Pour tout dire, La Légende d'Hercule n'est qu'une succession de combats qui lorgnent tantôt vers Gladiator, tantôt vers 300 et ses ralentis de-la-mort-qui-tue. Malheureusement pour lui (et pour nous), Renny Harlin n'est pas Zack Snyder, encore moins Ridley Scott. Du coup, son film finit par ressembler à une pâle copie des deux oeuvres précitées. C'est d'autant plus flagrant que le scénario reprend les grandes lignes de celui de Gladiator en les condensant pour tout faire tenir dans le carcan des 90 minutes réglementaires. Petit tour d'horizon : la relation Hercule/Iphiclès est clairement un démarquage de celle quasi-fraternelle de Maximus et Commode ; le parcours d'Hercule, qui passe de valeureux soldat à celui d'esclave, puis de gladiateur devant assurer sa survie dans l'arène avant de retrouver son grand rival, renvoie, c'est évident, au parcours de Maximus. Je pourrais citer d'autres séquences qui font écho au film de Ridley Scott, mais je crois que vous avez compris l'idée.


Et la tendresse, bordel ?

Dans le rôle-titre, Kellan Lutz assure bien le boulot. J'ai lu çà et là qu'il avait le charisme d'une tranche de foie de veau, mais personnellement je l'ai trouvé très correct et suffisamment expressif pour que son rôle ne se limite pas à distribuer des pains. Pour moi, il n'est pas qu'un bovin qui promène son regard vide en roulant des muscles, même s'il semble évident qu'il ne remportera pas un oscar pour sa prestation. En plus, niveau physique, il assure pas mal.
Face à lui, Scott Adkins fait également bonne figure en salopard de haut niveau, bien secondé par Liam Garrigan dont avait déjà pu apprécier la belle tête de traître dans l'excellentissime série les Piliers de la Terre.
Aux côtés de toute cette testostérone, Gaia Weiss constitue une potiche tout à fait acceptable, tandis que Roxanne McKee parvient presque à être touchante dans son rôle de reine et de mère éplorée.


On est le fils de Zeus ou ne l'est pas...

En résumé, que retenir de cette Légende d'Hercule ? Que malgré tout, Renny Harlin reste un réalisateur convenable, mais que ses plus belles années semblent derrière lui ! Le Cauchemar de Freddy, Die Hard 2: 58 minutes pour vivre, et même Peur Bleue, c'était quand même autre chose. On remerciera également les scénaristes Sean Hood et Daniel Giat pour nous avoir rappelé à quel point Gladiator était un film formidable, et on terminera par féliciter Kellan Lutz pour avoir réussi à ne pas tomber au niveau de Lou Ferrigno (voir le Hercule de 1983 et sa suite de 85 pour s'en convaincre).
Bref, les amateurs de péplum bourrins apprécieront La Légende d'Hercule, les autres peuvent éventuellement y jeter un œil distrait. C'est garanti 100% sans originalité, mais aussi sans ennui.

6/10

La critique originale disponible sur Horreur.net

jeudi 3 juillet 2014

La passion d’écrire
(Edito commandé par Fedra.be)



Une question revient souvent quand je discute avec d’autres personnes de ma passion pour l’écriture : « Où trouves-tu le temps d’écrire ? ». Il est vrai qu’entre le travail, la vie de famille, les tâches ménagères et les activités de loisirs, ce n’est pas toujours évident. Cependant, ma réponse est simple et toujours identique : je profite du moindre instant creux de ma journée pour coucher quelques phrases sur le papier. Dans le train, sur le temps de midi, et parfois même dans la voiture (à un feu rouge par exemple), tout est bon pour faire avancer l’histoire, ne fut-ce que d’une dizaine de mots. Ce qui est pris n’est plus à prendre.

Bien entendu, ceci ne serait pas possible sans l’essence qui permet au moteur créatif de fonctionner, c’est-à-dire la passion. La passion est tout. Elle permet de garder l’esprit alerte et prêt à s’exprimer en permanence. Les personnes passionnées par une activité le savent très bien, on ne pense qu’à ça toute la journée. Pour un écrivain, c’est pareil. Une idée peut surgir à n’importe quel moment, il faut donc être prêt à la saisir au vol. C’est pourquoi les auteurs, en général, ne se séparent jamais de leur carnet de notes (ou de leur Smartphone puisqu’il faut vivre avec son temps).

La passion permet en outre de surmonter les nombreuses difficultés qui jalonnent la réalisation d’un roman. Fatigue, découragement, page blanche, j’en passe et des meilleures. Les raisons ne manquent pas pour abandonner. Mais quand on met enfin le point final à son histoire, le sentiment d’accomplissement que l’on ressent est indescriptible. Alors quand, en plus, on a la chance de voir son livre publié, lu et apprécié, on se rend compte que tous les efforts consentis en valaient finalement la peine. Le bébé est né et bien portant, même si l’accouchement s’est passé dans la douleur.

La comparaison entre l’écriture d’un livre et la naissance d’un enfant peut paraître saugrenue, mais je vous assure qu’elle ne l’est pas tant que ça. Un livre est fantasmé bien avant son apparition ; une fois en route, il est de plus en plus désiré à mesure que les mois défilent ; et surtout, un livre vit sa propre vie, et ce dès que l’écrivain en rédige les premières lignes. Ça peut paraître étrange, mais un roman n’est jamais tel qu’on l’avait imaginé au départ. L’histoire dirige l’auteur (et non pas l’inverse) et les personnages prennent souvent des directions inattendues, en se fichant royalement de ce que leur créateur avait prévu pour eux. Comme un enfant en quelque sorte.

Ceci explique pourquoi le plus dur pour un écrivain, c’est la sortie de son roman. Faire éditer son livre revient à l’exposer à la critique et personne n’aime que l’on dise du mal de son enfant. Cependant, la critique fait partie du jeu et il faut savoir l’accepter. Tous les artistes vous le diront (musiciens, peintres, acteurs, etc.) : on ne peut pas plaire à tout le monde.

Aussi, lorsque des critiques assassines s’abattent sur le fruit de nos efforts, il faut savoir en retirer le positif et se remettre au travail avec passion.

Passion, le mot est une nouvelle fois lâché. Sans elle, la plupart des artistes baisseraient les bras face aux difficultés, mais elle a la faculté étonnante d’aider à rendre l’impossible possible.

Prenez Ed Wood Jr. par exemple. Ce nom ne vous dira sans doute rien si vous n’êtes pas cinéphile, mais ce monsieur a tout de même reçu l’insigne honneur d’être nommé plus mauvais réalisateur de tous les temps (jetez un coup d’œil à son « chef d’œuvre » Plan 9 From Outer Space si le cœur vous en dit). Ed Wood Jr. manquait de tout, de budget, de temps, de talent, et chacun de ses films se faisait descendre en flammes par les critiques. Pourtant, il n’a jamais cessé de tourner, accumulant les dettes et les échecs, mais tentant vaille que vaille d’assouvir sa passion pour le cinéma.

Car peu importe l’adversité, quelqu’un de passionné trouvera toujours un moyen de s’exprimer.

Article original sur Fedra.be